samedi 5 novembre 2016

Pickpocket

Auteur : NAKAMURA Fuminori
Edition : Picquier poche
Parution : 2013
Nombre de pages : 200

Résumé

Il se faufile dans la foule de Tokyo, choisissant soigneusement ses cibles pour ne dévaliser que les plus riches, dérobant les portefeuilles si délicatement que parfois il ne se souvient même pas de l'avoir fait. C'est un homme solitaire, sans attaches comme sans illusions. Jusqu'au jour où il rencontre un enfant - et un chef yakuza qui le prend au piège d'un jeu dangereux et pervers. Le pickpocket va devoir faire appel toutes les ressources de son art pour sauver sa vie, son destin, et peut-être même son âme.


Mon avis

Après avoir passé des heures dans la bibliothèque universitaire, à chercher un ouvrage à prendre pour la monographie que je dois faire en anthropologie, et totalement frustrée du manque de documents, j'ai fini par emprunté Pickpocket.

C'est l'histoire d'un homme qui, comme le titre du roman l'indique, est un voleur à la tire. Cet homme est le narrateur de l'histoire, et on ne connaît ni son nom ni son visage, et ce, tout au long du roman. Cela donne un aspect très proche de lui puisque le récit est à la première personne du singulier, et, en même temps, on ressent cette distance, puisqu'on ne peut pas en apprendre plus sur lui. 

Le récit commence avec le narrateur qui parle de son métier de pickpocket, et exprime son recul par rapport aux vols qu'il commet dans sa vie de tous les jours. Pour ce faire, il nous raconte un peu comment se manifestait la culpabilité lorsqu'il était enfant -ou du moins très jeune- et comment cette vision avait évolué chez lui. Le récit est au présent, et nous donne cette impression que tout se déroule sous nos yeux. Il nous montre comment il "emprunte" les portes-feuilles, nous décrit sa manière de procéder, tout ça mêlé à des actions quotidiennes, comme : "Pris d'un léger mal de tête, je m'abandonne aux soubresauts du train. Je suis dans le train en direction de Haneda [...]" (Chapitre 2). Ces descriptions d'actions banales nous posent une certaine ambiance qui me plaît beaucoup.

J'ai trouvé le narrateur très solitaire. Il n'a pas d'amis, bien qu'il nous parle souvent de deux personnages que nous ne voyons pas dans le roman. Le peu de japonais qui lui adressent la parole ne l'appellent même pas par son nom, et il garde une certaine distance avec eux dans sa façon d'agir. L'auteur nous dresse le portrait d'un homme qui a toujours été seul, qui a appris à se débrouiller seul, et qui mourra sûrement seul. Mais cet aspect est un peu erroné. Après avoir entamé quelques chapitres, le personnage principal fait une rencontre particulière qui va changer sa vie. Il va croiser un petit garçon dans un magasin, qui, obligé par sa mère prostituée, vole afin de survivre. On sent que le narrateur se revoit enfant d'un certain côté, et va vite se mêler de ce qui ne le regarde pas, afin dele protéger.

Ce n'est pas tout de suite, mais il va naître une relation particulière entre cet enfant et lui. Il a l'air d'y tenir bien qu'il essaie d'être distant. C'est un peu comme s'il s'empêchait lui-même d'avoir de la compagnie, malgré l'amour qu'il porte pour cet enfant. Encore une fois, cet enfant n'a pas été nommé par l'auteur, alors que tous les autres personnages possèdent un nom.

Il y a certains flashbacks pas annoncés, au milieu du roman, qui m'ont perdu de temps en temps sur les personnages. Sont-ils présents en cet instant ? L'action se déroule dans le passé ? Le seul indice présent est l'utilisation subite de passé. Ils surviennent un peu par hasard, mais leur place, finalement, est bien réfléchie car nous prévient de ce qui va suivre ensuite, et j'ai trouvé ça très ingénieux.

On découvre que le roman a un aspect sociétal, grâce à la situation du voleur en lui-même mais aussi grâce à la mère de l'enfant sans nom, femme fauchée, forcée par son actuel petit-ami à faire le tapin, mais a aussi un aspect politique, mais je ne vous en dis pas plus.

Ma chronique est très longue par rapport à d'habitude, mais il est vrai que ce roman m'a tenu en halène une petite après-midi, et je l'ai fraîchement en tête. J'ai vraiment réfléchi aux différents aspects de ce roman car je pense m'en servir pour un dossier que je compte faire pour mon cours de littérature moderne et contemporaine.

Une lecture d'actualité sur un Japon qu'on ne connaît pas vraiment, et dont j'ai vraiment apprécié la plume de l'auteur.

«Mais la destruction réelle n'est pas si abstraite que ça, avait-elle dit un jour. La destruction adopte toujours un visage prosaïque. Elle revêt l'aspect d'une banale réalité.»

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